DONNONS LA PAROLE A NOS PRODUCTEURS LOCAUX :

Entretien avec

Xavier Anciaux et Christophe Henry : Maraîchers aux Jardins de la COOF

Christophe, pourquoi as-tu choisi ce métier et quel sens cela a-t-il pour toi ?

Ce métier permet de participer à la régénération du tissu rural et de reconstruire une résilience locale. C’est aussi servir de roue de secours à un système défaillant pour assurer la reprise éventuelle. Le système actuel est hyper performant mais aussi hyper fébrile. Il montre de plus en plus de signes de fébrilité et nous avons dès lors besoin de systèmes locaux simples, facilement reproductibles, peu axés sur la technologie, pour que la localité assure sa paix sociale en cas de rupture. Pour finir, ce métier me permet de me sentir utile.

Et toi Xavier, pourquoi as-tu choisi ce métier ?

Parce que je voulais être actif dans la régénération de la biodiversité et que ma mission était l’amélioration de la biodiversité. C’était une solution parmi d’autres, mais c’est celle que j’ai choisie.

Xavier Anciaux et Christophe Henry

“Le jour où un agriculteur qui possède 300 hectares aura un déclic dans sa tête, ça se verra sur son champ ! Il a un pouvoir d’action que nous n’aurons jamais”

Christophe

Xavier Anciaux fiche

Il s’agit ici d’une expérience sur 3 hectares

Xavier

Christophe Henry fiche

“En réalité, ce lieu, c’est le vôtre. Vous pouvez y venir quand vous voulez, en faire ce que vous voulez et participer à la cocréation de ce projet”

Christophe

Q&R

Christophe, qu’est-ce qui te plaît le plus dans ton activité ?

Construire un lieu à partir de rien et en faire quelque chose qui a été imaginé par un collectif. C’est très intéressant ! À la base, je comptais concrétiser ce projet seul, mais je me rends compte qu’il faut faire des compromis, que ce n’est pas forcément l’idée exacte que j’avais au départ qui va se matérialiser. Mais, en même temps, on peut faire plus de choses quand on est plusieurs, et c’est plus intéressant aussi puisqu’une idée émise à plusieurs est toujours plus intéressante.

Et toi Xavier, qu’est-ce qui te plaît le plus ?

Le développement du projet, franchement, c’est quelque chose qui me donne beaucoup de satisfaction ! Et l’engagement des citoyens qui viennent prêter main-forte et qui se sont appropriés le projet. Certaines personnes ont investi financièrement et se sont investies personnellement dans le projet. Cela fait vraiment plaisir !

Ce qui me plaît, c’est de voir toute cette nouvelle biodiversité.

Voir les haies, les arbres, les moutons, revoir des animaux qu’on ne voyait plus ici et, naturellement, cet engagement citoyen.

“Nous avons besoin de systèmes locaux simples, facilement reproductibles et peu axés sur la technologie”

Christophe

“On pourrait imaginer avoir une agriculture qui est productive ET qui rémunère en plus ses paysans. Pour moi, c’est très important 

Xavier

Adriano, Xavier et Christophe

Qu’aimeriez-vous dire aux Fernelmontois ?

Christophe : « Mangez plus de légumes, de végétaux ! Impliquez-vous ! » dit-il en riant. « En réalité, ce lieu, c’est le vôtre. Vous pouvez y venir quand vous voulez, en faire ce que vous voulez et participer à la cocréation de ce projet. »
Xavier : « J’aimerais dire que Fernelmont, c’est 7 000 hectares dont 5 000 hectares de terres gérées conventionnellement, et qu’il est temps de changer les choses. Ici, nous avons un embryon de changement, et si ça vous plaît, bienvenue ! »
J’aimerais ajouter qu’au départ, les Jardins de la COOF, ce n’était qu’une simple proposition. Je proposais aux Fernelmontois qui avaient envie d’agir et de devenir « biopositifs » de participer simplement en venant acheter leurs légumes.

On a maintenant 180 familles qui ont investi dans la coopérative et qui nous ont permis de passer de 30 ares à 3,2 hectares, soit 10 fois plus !

Avec un réel effort en matière de biodiversité, puisque nous avons maintenant non plus 3 hectares de céréales et de maïs, mais 1 hectare de légumes, 1 hectare de verger et 1 hectare de prairie. Nous avons également 600 mètres de haies et nous allons avoir une zone humide. Grâce à cela, nous allons voir arriver toute une série de choses qui vont venir améliorer la biodiversité.
C’était vraiment ma proposition au départ : « Qu’on se mobilise via une consommation de légumes et via un investissement, financier ou personnel, avec des personnes qui viennent donner un coup de main pour mettre en œuvre ce projet. » Le message, il est là ! Il a été entendu, il a été reconnu. Mais on doit maintenant l’amplifier !

Il s’agit ici d’une expérience sur 3 hectares, mais il reste 5 000 hectares. Alors, je ne veux absolument pas dire que l’on a plus besoin d’une agriculture productive, mais on pourrait imaginer avoir une agriculture qui est productive ET qui rémunère en plus ses paysans. Pour moi, c’est très important que l’agriculteur puisse vivre de son travail et non plus qu’il soit l’esclave de son travail. Parce que, clairement, les revenus des agriculteurs sont assez faibles.

En collaboration avec nos consommateurs, nous devrions pouvoir développer un circuit vertueux qui nous permettra de mieux manger, d’avoir plus de biodiversité, de mieux rémunérer les agriculteurs et de pouvoir enfin sortir de la crise.

Nous vivons à la fois une crise environnementale, climatique, de la biodiversité, mais aussi une crise de l’immunité ! Je pense que le monde actuel, avec la Covid, nous montre bien que nous avons un problème d’immunité. Et certains scientifiques nous parlent clairement d’une relation entre l’immunité et la biodiversité. Si l’on mange des choses qui ne sont pas suffisamment saines et qui n’ont pas suffisamment de nutriments pour notre flore intestinale (qui va nous permettre d’avoir une bonne immunité), cela pose problème. Dès lors, on stagne et on continue de croire que le système va fonctionner alors qu’il montre actuellement ses limites. Il est temps de changer. Et pour changer, nous vous proposons une solution ici-même avec les Jardins de la COOF. Or, il existe plein d’autres propositions à faire. Il y a plein d’autres agriculteurs qui ont plein de bonnes idées. De notre côté, en tout cas, nous souhaitons développer ce genre de choses. En tout cas, moi, je le souhaite.

“Ici, nous avons un embryon de changement, et si ça vous plaît, bienvenue!”

Xavier

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