DONNONS LA PAROLE A NOS PRODUCTEURS LOCAUX :

Entretien avec

Joëlle, Jean et Virginie Delcourt : Agriculteur et productrices à la FERME DU GROS MAILLET

Joëlle, pourquoi as-tu choisi ce métier et quel sens cela a-t-il pour toi ?

Par amour ! Je ne connaissais rien à l’agriculture avant de me marier avec Jean.
A l’époque, j’étais aide-soignante et je donnais un coup de main à la ferme. Je m’y suis mise vraiment lorsque mes beaux-parents ont pris la décision d’arrêter leurs activités. J’ai décidé d’arrêter de travailler à l’extérieur pour reprendre la ferme. J’ai toujours aimé le contact avec les bêtes et avec la nature.

Je m’occupais de la traite et je soignais les veaux. Depuis que nous avons ouvert le magasin, c’est Jean qui a repris la traite. Je ne savais pas faire les deux.
Nous voulions nous diversifier et valoriser notre lait au maximum. D’abord parce que notre fils Vincent était revenu à la ferme et qu’il fallait une activité en plus, mais également à cause de la crise du lait. On s’est ainsi lancés dans la fabrication.

Puis, notre fille Virginie est arrivée et on s’est réparties les tâches. Virginie s’occupe des glaces et moi des yaourts, des fromages blancs, des puddings ou du riz au lait. Ensemble, nous gérons les commandes et le magasin.
Actuellement, nous avons une trentaine de laitières. Pour viser la matière grasse et valoriser le lait au maximum, nous avons choisi des Montbéliard et des normandes. Nous avons aussi un élevage de quelques blanc bleu. Nous produisons 75% du fourrage (essentiellement de la luzerne) pour alimenter nos bêtes. Une partie de notre production de lait est transformée à la ferme. Le reste part à la laiterie. La production actuelle au magasin nous suffit amplement et nous ne cherchons pas particulièrement à plus la développer. Nous voulons surtout mettre en valeur les produits de la ferme en restant une petite structure familiale et artisanale.

Et toi Virginie, pourquoi as-tu choisi ce métier ?

Maman n’aimait pas trop garnir les gâteaux et dans la famille c’est plutôt moi qui ai la fibre artistique. J’étais fleuriste à la base, et comme cela devenait un peu trop pour maman toute seule, j’ai commencé à l’aider. Depuis, je suis toujours là ! Ce métier, ça a coulé de source, c’était une évidence.

Joëlle de la Ferme du Gros Maillet

“Nous voulons surtout mettre en valeur les produits de la ferme en restant une petite structure familiale et artisanale.”

Joëlle, Jean et Virginie Delcourt

“J’apprécie ce « côté village » où l’on discute et où l’on crée des liens.”

Q&R

Joëlle, qu’est-ce qui te plaît le plus dans ton activité de productrice ?

J’apprécie la vente pour son contact social. C’est un plaisir de voir nos habitués, de papoter avec eux quand ils viennent. Mais aussi de pouvoir montrer ce que l’on sait faire, de pouvoir dire : voilà, on a fait ça ! Et de voir que les gens apprécient.

Parfois, c’est un peu compliqué de satisfaire la demande parce que nous travaillons sans conservateurs et cela complique l’approvisionnement du magasin et notre gestion des stocks. Mais j’aime fabriquer, même si c’est un peu plus fatiguant et stressant d’arriver à tout préparer.

Et toi Jean, qu’est-ce qui te plaît le plus ?

Moi, je suis pensionné et je peux dire à mes clients : « Téléphonez à mon fils. » Au matin, j’ai le plaisir de lui demander : « On va où aujourd’hui ? », même si je le sais ! (rire). Je ne me tracasse plus. Je n’organise plus.
Il y avait aussi les vendredis, quand je retournais au « plafonnage ». Etaler la meringue ou la crème fraiche, c’est ce que j’appelle du « plafonnage ». Au début, quand je les voyais faire les gâteaux, je me disais : « J’essayerais bien », et on me répondait : « Laisse, tu ne vas pas vite assez, ça fond ». Maintenant, je les bats tous ! Je n’ai jamais pensé que je ferais ça de ma vie !

Un de mes plus beaux moments c’est à Noël, au moment de l’apéro avec tous les petits-enfants. Lorsque l’on met au centre de la table un petit ravier de « fromage frais-persil-ciboulette ». Vous devriez voir ça, ils adorent !
Il y a aussi des petits doigts qui se promènent dans la meringue. Maman dit « Non » et Papi donne la spatule remplie de meringue… (rire). Ils aiment participer au magasin, ils chipotent.

Et toi Virginie ?

Je tiens à remercier tous nos clients fidèles, ceux qui ont toujours été là. Comme nous avons un petit magasin de proximité, je suis parfois seule à le gérer, en plus de la production, et cela m’attriste de ne pas avoir plus de temps pour parler avec eux. J’apprécie ce « côté village » où l’on discute et où l’on crée des liens. Du coup, on apprend aussi une naissance ou un événement particulier de leur vie. Et quand on ne les voit pas pendant un petit temps, on se pose la question de savoir s’ils vont bien.

Pendant les fêtes, on a beaucoup de travail à garnir toutes les bûches. Je me souviens d’une fois où on avait travaillé toute la nuit et qu’à 7h du matin on s’est arrêtés pour boire une coupe de champagne. Ensuite, j’enchainais avec mon autre boulot. C’était une sacrée période !

Ce qui est un peu compliqué dans le travail, c’est que nous avons des périodes fort creuses et puis des périodes de grosse activité. Quand il fait beau, on a toutes les festivités à gauche et à droite. Et c’est là que parfois les gens ont du mal à comprendre que nous n’avons plus autant de temps à leur consacrer qu’en périodes creuses, parce qu’il faut gérer tant les commandes que l’approvisionnement du magasin.

Qu’aimeriez-vous dire aux Fernelmontois ?

Virginie : « Les gens voient souvent sur Internet de belles décorations, de beaux glaçages mais qui ne se travaillent pas facilement en artisanal, et encore moins sur de la glace. Parfois, ils veulent des couleurs particulières mais que l’on ne trouve pas dans l’alimentaire. Il faut savoir que parfois les couleurs sont retouchées sur Internet et qu’elles n’existent pas. Nous travaillons principalement avec des produits de saison et nous faisons des éphémères en fonction de la saison et de l’inspiration du moment.
Nous voulons un produit de qualité et qui reste accessible à tous. Nous tentons le juste équilibre mais malheureusement nous avons dû adapter nos tarifs à cause de l’augmentation du prix de l’énergie. Nous aimerions aussi pouvoir ouvrir plus souvent le magasin, mais nous nous devons d’être à la fois à la production et à la vente. Et comme nous voulons rester une petite structure artisanale et familiale, cela n’est donc pas possible. C’est pour cela que nous préférons travailler sur commande. Alors si vous voulez nous faciliter les choses, nous préférons un petit coup de téléphone pour vos commandes. Cela nous permet d’aller plus vite. »
Joëlle conclut : « Venez nous dire bonjour (rire). Nous faisons des bons produits artisanaux, venez les goûter. »

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